Transrotor ZET1: une rencontre inoubliable!
Nous avons eu le bonheur d’avoir à l’essai la fabuleuse Transrotor ZET1, du manufacturier du même nom. Figurant en milieu de gamme (si on peut s’exprimer ainsi pour un objet aussi luxueux), la ZET1 est une platine non suspendue qui propose une construction massive pour assurer l’immunité vis-à-vis les éléments extérieurs.
D’une largeur de 45 cm, une profondeur de 40 cm et une hauteur de 18 cm, la ZET1 est particulièrement sculpturale, ce n’est pas un objet que l’on cache. Elle attire les regards admiratifs et ne laisse personne indifférent. Le mariage du chrome et de l’acrylique est attrayant et on sait au premier coup d’oeil que l’objet est spécial. D’une masse de 24 kg, ce n’est pas un poids léger!
La Transrotor ZET1 (et les autres modèles du manufacturier allemand TransRotor) sont disponibles chez Brosseau.ca dans la région de Montréal, où elle est en démonstration. Le modèle à l’essai était équipé d’un contrôleur de vitesse (qui fait office d’alimentation). On y sélectionne la vitesse 33 ou 45 tours minutes, mais on peut également procéder à des ajustements fins via de petites vis, en plus de mettre le moteur hors tension. La platine mise à notre disposition était déjà réglée par Brosseau.ca.
Notez que seules les platines vendues sur notre continent sont accompagnées du boitier de contrôle. En europe, le moteur est branché au secteur directement et on passe d’une vitesse à l’autre en modifiant la position de la courroie sur les poulies d’entrainement.
Le couvre plateau de la ZET-1 est usiné d’un matériau rigide semblable au carbone. La partie centrale correspondant à l’étiquette du disque
est légèrement encavée de façon à ce que la surface du vinyle se colle au contre plateau. Un disque usiné en aluminium et dont la partie
centrale est faite de matière plastique vient plaquer le vinyle au plateau.
Ici, la partie inférieure du presse disque: on remarque le moyeu central usiné de matière plastique semblable à du nylon. Un joint de caoutchouc en « O » (appelé O ring) est inséré sur le pourtour afin d’amortir la masse.
Construite sur une base d’acrylique noir (le blanc givré est aussi disponible — et de saison faut-il le rajouter), reposant sur 3 pieds ajustables munis de pas de vis, ceux-ci déposés sur des disques solides et découplés via des rondelles de matériau élastique. Simple et efficace.
Au centre du plateau d’acrylique, un cylindre solide dans lequel repose l’axe principal, lui-même découplé de sa base. Sur l’axe, un moyeu central sur lequel repose l’impressionnant plateau d’aluminium usiné et chromé.
À la droite, un assemblage monté sur cinq tourelles qui reçoivent le support du bras (perçé en usine). À propos du bras, celui-ci est un modèle déjà installé qui porte le logo Transrotor et qui est fabriqué par le manufacturier japonais Jelco. Une cellule Transrotor (d’origine Goldring) est montée sur le bras.
La platine est disponible sans bras pour ceux et celles qui ont des préférences particulières. Telle que vue sur les photos, l’ensemble platine, bras, cartouche magnétique et boitier d’alimentation se détaille pour 6900$. La platine seule sans bras, cellule ou alimentation se détaille 4300$, mais puisque l’alimentation est requise pour le fonctionnement nord-américain, il faut y ajouter 1200$, ce qui porte le prix de l’ensemble (moins bras et cellule) à 5500$. Mais poursuivons la découverte de l’appareil…
Ici, on aperçoit le boitier du moteur et la poulie d’entrainement. À noter qu’en amérique, l’usage du boitier d’alimentation est requis. La courroie est alors cantonnée à la poulie supérieure et la selection des vitesses se fait via le boitier de contrôle. À noter également que l’interrupteur du boitier moteur est inopérant – on se sert du sélecteur de vitesse nord-américain pour mettre la platine hors-tension.
À la gauche, un autre cylindre métallique qui encapsule le moteur. Sur le dessus, la poulie d’entrainement (la ZET est une platine entraînée par une courroie cylindrique) Le moteur est lui-aussi découplé de la platine et sa position est assurée par deux manchons de matériau souple.
Le bras est monté sur une plaque de forte épaisseur qui est fixée à une tourelle constituée de 5 cylindres. La partie centrale de la tourelle est accessible et permet d’accéder au câble, de très bonne qualité et aussi d’origine Jelco, adapté par Transrotor.
Le câble rouge, doté de connecteurs plaqués or offre un contraste agréable à l’oeil.
Gros plan sur le boitier d’alimentation (requis en amérique): Le bouton rotatif central permet de sélectioner les vitesses et la mise hors-tension de la platine. On remarque le témoin LED dans le « O » de TransRotor. À la droite du boitier, deux vis permettent de varier la vitesse. À l’usage, nous n’avons pas eu à modifier quoi que ce soit, la platine ayant été pré-réglée par le revendeur: Brosseau.ca.
Le boitier moteur est constitué de deux parties d’aluminium usinées. À la base, 6 patins de caoutchouc souple, formé comme de petits coussins remplis d’air, permettent de totalement découpler le boitier moteur du reste de la platine. À l’écoute, on ne peut que constater l’efficacité du système.
La courroie s’insère à moitié dans une rainure sur le pourtour extérieur du plateau. Finalement, un cordon à fiche DIN de bonne longueur relie le moteur à son alimentation séparée qui gère les deux vitesses disponibles: 33 et 45 tours.
La platine est résolument germanique: du chrome à profusion! Une très belle qualité d’usinage, de polissage et de chrome. Ce n’est pas un objet que l’on cache, loin de là.
Le boitier du moteur est totalement isolé. Sur le dessus, la double poulie usinée sur l’axe du moteur. On y retrouve un interrupteur destiné à l’usage en europe. En amérique, on préférera se servir de l’interrupteur du boitier d’alimentation.
Installation
Sur la photo, un des trois disques qui supporte la platine. On remarque la présence d’un anneau d’une matière semblable au silicone moulé, qui entre en contact avec la surface du meuble. L’orifice central reçoit chacune des trois pointes de mise à niveau.
On commence par disposer les trois disques, puis, le reste de la platine est alignée sur ceux-ci. Rien de très complexe puisque la platine repose sur 3 pieds, ceux-ci sont toujours en contact avec la surface (le principe du trépied). Attention à bien régler le niveau en vous aidant d’un niveau à bulle. L’opération de mise à niveau est plus longue que ce qu’il peut sembler de prime abord, chaque ajustement d’un pied agissant sur le niveau de l’autre. Patience!
Premier contact avec la ZET 1: le coeur de la platine est une magnifique pièce d’usinage: un moyeu conséquent dans lequel une pièce de laiton est insérée, laquelle reçoit la tige centrale qui repose sur un roulement huilé.
Sur la plateau, on dispose un contre plateau rigide et apparemment usiné de carbone, puis un poids central qui plaque le vinyle au plateau. L’ensemble bras-cellule avait déjà été réglé pour l’angle d’attaque. Nous avons simplement ajusté le parallelisme de la cellule, la pression de la pointe et l’antipatinnage.
Je pense à une Rolls-Royce. Comme dirait Serge Gainsbourg: « Imperturbable, elle ne semble pas se soucier des trottoirs que j’accoste ».
Pour installer la platine, on dispose de façon plus ou moins aléatoire les trois disques qui servent de support à la platine. Autant d’orifices servent à recevoir les pointes de mise à niveau ajustable sur le dessus de la platine.
Notez que le bras est muni d’une coquille porte-cellule qui permet d’ajuster l’azimuth, c’est à dire la perpendicularité de la pointe par rapport au disque. Curieusement, ce type d’ajustement n’est pas offert d’emblée sur tous les bras, pourtant, ce sont ces ajustements qui permettent d’obtenir une lecteur de haut niveau. Quiconque envisage l’achat d’une platine de qualité doit impérativement s’assurer du bon réglage de l’équilibre et de la géométrie du bras, d’où l’importance de faire affaires avec un détaillant capable de procéder à ces ajustements.
L’axe du plateau, usiné en acier inoxidable, lequel s’insère dans la pièce de laiton.
Enfin, notons que la coquille porte-cellule est de type SME, universelle et qu’il est donc possible d’y monter facilement d’autres cellules.
Gros plan de l’axe principal. La partie inférieure repose dans un bain d’huile du carter en laiton. La partie supérieure recevra le lourd plateau. Notez la présence d’un anneau de caoutchouc qui découple l’ensemble plateau-axe.
Le moyeu est déposé sur le carter de laiton. Il faudra attendre que celui-ci se positionne correctement sur le roulement.
Enfin, le plateau est déposé sur l’axe principal. La masse est imposante!
La cellule identifiée Transrotor est fabriquée par Goldring, selon le cahier de charge de Transrotor.
À propos de cellules, celle fournie par le fabriquant est une version modifiée d’une cellule d’origine Goldring, de haute qualité. Le manufacturier préconise une force d’appui de 1,7 grammes et c’est de cette façon que nous avons procédé à notre essai.
Musique
La courroie est fabriqué de caoutchouc d’un profil circulaire.
Le premier disque à prendre place sur la platine en est un qui ne pardonne pas: le Requiem Opus 5 (Grande Messe des Morts) de Hector Berlioz (London Symphony orchestra, direction de Colin Davis, sur Philips). La complexité de l’orchestration et du choeur peut prendre en défaut n’importe quelle platine, y compris ma propre platine. En effet, les variations dynamiques de l’enregistrement sont autant de nid-de-poules potentiels pour l’ensemble bras-cellule. Ici, une totale réussite. Un silence total d’opération, une absence de bruit, ceci malgré une cellule qui n’ait pas un niveau de sortie très élevé. Même les bruits de surface semblent réduits.
La table est montée, il ne manque plus que la courroie, le couvre-plateau et… de la musique!
Premier test réussi avec grands honneurs, on passe à Daft Punk qui coule, d’un bout à l’autre, avec une très grande neutralité. Ce n’est pas une écoute incisive, l’atmosphère est généralement feutrée. Toutes les fréquences sont reproduites parfaitement, mais l’impression de rythme semble manquer.
Passons à Frank Zappa avec Overnight Sensation. Une excellente gravure fort bien servie par les qualités de solidité de la Transrotor: les silences sont totalement respectés et je me surprend à monter le son… beaucoup plus loin que ce à quoi je suis habitué. Tout passe avec aisance, les solos sont sublimes, sans qu’on ne perde quoi que ce soit de la trame orchestrale.
Je pense à une Rolls-Royce. Comme dirait Serge Gainsbourg: « Impreturbable, elle ne semble pas se soucier des trottoirs que j’accoste ».
Denon DL-103: un mariage divin!
The Stranglers, Aural Sculpture. Pourrait-on parler du groupe le plus sous-évalué? Ont-ils soufferts de leur méga-tube « No Mercy »? Aural Sculpture porte bien son nom. Un joyau d’orchestration, de prise de son et de mixage. Dynamique, complexe, jazzy et dansant. Que peut-on demander de plus? Ice Queen régale: solo de basse et cuivres ponctuent le rythme. Malheureusement, ma copie (originale) souffre de son âge. La transcription offerte par la ZET1 lui enlève des années d’usure. Magique? Peut-être pas, les cellules modernes sont dotées de pointes beaucoup plus fines qu’autrefois. En conséquence, elles vont chercher ce qui se trouve au fond des sillons, en offrant une lecture plus silencieuse. Mêmes les rayures superficielles sont guère audibles. Le bonheur!
Puisque le bras permet d’expérimenter avec différentes cellules, j’ai installé une DENON DL-103 sur le bras Jelco/Transrotor. J’ai été soufflé par le mariage inattendu entre cette cellule qu’on dit préférer les bras massifs et le Jelco. Un seul mot: wow! Curieusement, la Denon n’a jamais été ma cellule préférée, je l’ai toujours trouvé un peu nonchalante, pas très expressive ni étendue. Lorsqu’associé à la Transrotor, j’ai véritablement eu un choc, la qualité de la restitution m’a semblé s’améliorer d’une façon incroyable: vivacité et solidité, un rendu plus fluide sur l’ensemble du spectre et un punch incroyable dans les basses. Vraiment, quelque chose de solide et de délié. Vraiment, cette Transrotor réserve quelques surprises!
La conversion au vinyle
Si vous êtes comme moi, un « early adopter », vous avez peut-être troqué vos précieuses galettes à la fin des années 80 pour la promesse du « perfect sound forever » faite par les compagnies de disques de l’époque… Je me suis reconverti au vinyle comme on déménage à la campagne: à la recherche de simplicité, d’authenticité. Je trouve rassurant de voir un plateau tourner. Ça tourne et ça marche. Pas compliqué, authentique et surtout, surtout pas de conversion digitale / analogue, pas de jitter, pas de magie noire et de bits invisibles 🙂
Quand on y repense, on a échangé nos vinyles pour gouter au silence et à la dynamique promise par le CD. Entre vous et moi, l’écoute de la Transrotor me semble éminement plus dynamique que certains rematriçages numériques, et bien honnêtement, les bruits de surfaces se font rares… tant et si bien qu’il m’arrive de me demander pourquoi le disque a pu se faire détrôner si facilement par le CD…
La Transrotor ouvre une porte royale vers ce retour aux sources, mais à quel prix? On parle d’une platine complètement équipée, avec bras, cellule et platine pour environ 6000$. Oui, c’est beaucoup d’argent, surtout lorsqu’on considère l’offre de manufacturiers comme Pro-ject ou Rega qui dominent le marché du beau – bon – (relativement) pas – cher.
Toutefois, lorsqu’on y regarde de près, tout le chrome, tout l’usinage ont un prix. Ici pas de MDF. Alors, c’est cher ou pas? Vous seul le savez. Cette mécanique est faite pour durer et bien peu de choses peuvent briser. Si votre collection de vinyles se limite à 20 ou 30 albums, vous ne pourrez probablement pas en justifier l’achat. Si toutefois, vous êtes comme moi et êtes un acheteur compulsif et que votre collection compte 500 ou 1000 albums ou plus, que vous voulez en tirer le maximum de plaisir pour des années à venir tout en bénéficiant d’une valeur de revente certaine , alors cette platine est pour vous!
Très fortement recommandée!
Disponible chez Brosseau Audio-Vidéo
3256 Grande Allée
St-Hubert (Longueuil)
Qc Canada
Tel. : 450-678-3430 Sans frais: 1-888-678-3430