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Hegel H300: Critique de Ecoutez Voir.

avril 3, 2014
 

 

Sweet Boy ! par Antoine Gresland Prix : 5700$

Date de parution : mars 2012

 

Nous l’avions rencontré sans pouvoir encore l’écouter au Salon high-end de Munich 2012 : voici enfin

l’amplificateur intégré Hegel H300 sur nos étagères ! Derrière cette façade aux formes douces comme

une vague, empruntées à son « petit » frère H200, se trouve tout le savoir-faire du constructeur norvégien,

et pas seulement en matière d’amplification, puisque le H300 intègre un convertisseur N/A muni de

quatre entrées numériques et d’une interface asynchrone sophistiquée pour son entrée USB. De quoi

profiter de sa musique dématérialisée sur une très grande variété d’enceintes, grâce à une puissance

pour le moins généreuse de 250 W par canal sous 8 Ω ! Un appareil d’autant plus intéressant sur le papier,

qu’il est proposé, comme toujours chez Hegel, à un tarif réaliste qui le tient à distance des excès de

certains appareils comparables commercialisés sous l’étiquette high-end.

 

Une conception raffinée autour d’un gros cœur

 

Pour concevoir le porte-drapeau de leur gamme d’amplificateurs intégrés, les ingénieurs de Hegel

sont partis à la recherche de la pierre philosophale en jouant les alchimistes à partir du meilleur de

leur technologie ! Voilà une philosophie qui nous plaît bien. Comme ils voulaient concevoir un

appareil polyvalent, capable de rendre justice à une grande variété d’enceintes, ils ont d’abord conçu

un amplificateur puissant en prenant pour base les éléments séparés de la gamme haute plutôt que celle

de ses petits frères, et leur technologie propriétaire SoundEngine qui combine les avantages de la

classe A en matière de distorsion de croisement et le rendement de la classe AB… Si le constructeur

n’est pas très loquace sur les détails de cette technologie, on comprend qu’il s’agit d’un système de

contre-réaction locale qui élimine les erreurs au plus près du circuit. Le H300 utilise aussi des transistors

MOSFET silicon-germanium appariés à la main comme sur le H30, fleuron des amplificateurs de la marque.

Une solution qui permet de réduire considérablement, voire d’éliminer la distorsion harmonique d’ordre

élevé pour obtenir une meilleure résolution et une douceur supérieure dans le haut du spectre. Hegel

précise encore que cet appairage nécessite jusqu’à cent transistors pour trouver une paire parfaite !


 

Bien aidés par un confortable transformateur torique de 1 000 VA implanté au centre du châssis,

ces étages de puissance utilisent dix transistors bipolaires par canal pour délivrer jusqu’à 2 × 430 W

sous 4 Ω et un facteur d’amortissement supérieur à 1 000. De quoi assurer ses arrières, même avec

des grandes colonnes difficiles.

 

 

Pour les ingénieurs de Hegel, c’est pourtant du côté de la section préamplificatrice que le H300 fait

la différence. Cette dernière empreinte plusieurs des idées exploitées sur leur préamplificateur de

haut de gamme à travers une construction double mono symétrique qui permet un niveau de bruit

et de distorsion le plus faible possible. Hegel annonce ainsi une réponse en fréquence étendue

(5 Hz − 180 kHz à ± 3 dB), mais aussi un rapport signal/bruit supérieur à 100 dB et une diaphonie

inférieure à − 100 dB. Voilà qui promet de la transparence ! La section analogique du Hegel propose

trois entrées asymétriques RCA, une entrée symétrique XLR et une entrée home cinéma à gain fixe.

Cette dernière facilitera son intégration au cœur d’un système multicanal en relayant le signal destiné

aux voies avant à la sortie d’un processeur home cinéma ou d’un ampli AV directement à l’ampli de

puissance du H300.

 

 

L’autre atout du Hegel H300, c’est bien sûr son convertisseur N/A intégré directement extrapolé des

petites bombes en éléments séparés que nous a concocté Hegel ces dernières années. Je pense notamment

au HD10 qui nous avait tant plu et à son successeur HD11 qui va encore plus loin dans tous les domaines,

grâce à une architecture 32 bits que l’on retrouve dans le H300. Spécifiquement développé pour lui,

ce circuit offre une résolution maximale de 24 bits – 192 kHz sur les entrées S/PDIF et de 24 bits – 96 kHz

sur l’entrée USB. L’ensemble bénéficie de la technologie de resynchronisation propriétaire de Hegel

qui limite efficacement les problèmes de jitter. Très intelligemment, le constructeur norvégien a même

pensé au futur à travers une sortie numérique coaxiale DAC-loop qui profite également de la

resynchronisation effectuée dans le H300. En gros, en branchant un DAC plus performant, tel que le HD25,

à cette sortie numérique, on obtient un double étage de resynchronisation encore plus performant. Bien vu

À noter aussi que, comme le HD11 et le HD25, le H300 possède d’origine des drivers compatibles avec les

univers Mac et PC, pour jouer non seulement le rôle de carte son, mais aussi piloter les fonctions de

lecture basique (play, pause, stop, plage précédente et suivante) de la plupart des logiciels tels qu’iTunes

et VLC depuis sa télécommande. Cette dernière, plutôt pratique, est joliment réalisée dans une pièce

d’aluminium. Ça change agréablement du plastique !

 

  Sur le terrain : puissance et musicalité à tous les étages… Autant le dire tout de suite : il est difficile de résister à la personnalité particulièrement

attachante de ce bel intégré ! Voilà un appareil qui sait se montrer d’une grande

précision, tout en affichant un équilibre tonal doux et nuancé, presque chaud à

la limite, qui le rend musical en toutes circonstances. Évidemment, comme tout

appareil de ce calibre, il faudra le roder à la sortie du carton avant de découvrir

tout son potentiel, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle ! Une fois bien installé

et alimenté, le H300 n’a peur d’aucune enceinte, grâce à sa puissance généreuse.

Que ce soit sur une paire de ProAc D2, de Linn Akurate 242 ou d’ATC SM40 – avec

lesquelles il s’entend d’ailleurs à merveille, ce qui est loin d’être toujours le cas

avec d’autres amplificateurs – le Hegel se montre équilibré et facile, même lorsqu’on

lui tire allégrement sur les transistors!

Contrairement à certaines électroniques qui présentent la musique devant les enceintes,

le Hegel H300 préfère creuser une profonde scène sonore derrière et autour d’elles.

Aucune projection à constater donc, mais une mis en espace très réussie sur laquelle

je retrouve la sensation de présence à laquelle je suis habitué sur mon système de

référence avec le Live à FIP d’Eric Bibb. Une image réaliste, grandeur nature, qui fait

partie du plaisir de posséder une électronique de haut de gamme, pour peu qu’elle

soit associée à une source de même niveau.

 

 

Là où la puissance du H300 se fait sentir, c’est dans sa capacité à jouer fort tout en

restant d’une rare cohérence, même sur des enceintes exigeantes comme les Linn

Akurate 242 ou les ATC SM40 au rendement très moyen de 85 dB/1 W/1 m. Je

découvre ainsi avec un égal bonheur les treize pistes de People, Hell and Angels, 

le nouvel album posthume de Jimi Hendrix, que le génial documentaireCrossfire

Hurricane qui retrace les meilleures années des Rolling Stones. Le mélange d’énergie

et de douceur dont fait preuve le H300 convient parfaitement au blues et au rock,

sur lesquels il faut savoir être tout à la fois « roots » et modulé, pour reproduire les

guitares électriques dans toute leur démesure, sans se griller les tympans. En gros,

il faut que ça groove sans arracher ! Dans ces conditions, le H300 est un vrai régal.

On dirait qu’il a été fait pour ça… L’amplification pousse sur une large bande passante

avec conviction sans jamais projeter le message. D’une manière générale, c’est une

des grandes qualités du H300 : qu’on l’attaque en numérique ou en analogique,

il reste toujours élégant, posé, sans être détaché.

 


Très énergique et légèrement brillant, son convertisseur N/A intégré nous a

agréablement surpris par sa capacité à faire avancer la musique au bon tempo. Il ne

s’agit pas d’un HD20, mais on s’en rapproche sérieusement, et son entrée USB est

l’une des meilleures que l’on puisse trouver sur un amplificateur intégré. Attention

toutefois, car le H300 est assez sensible à la qualité des câbles numériques utilisés.

Il ne faut donc pas hésiter à investir au moins quelques dizaines d’euros dans un

câble USB digne de ce nom, et même un peu plus dans un bon câble coaxial, pour

juger des qualités de cet excellent DAC. À la sortie coaxiale d’un lecteur Blu-ray

Oppo BDP-103EU, je redécouvre ainsi avec plaisir le morceau « Imprint » extrait

du dernier album de Manu Katché, suivi du tout aussi réussi « Loose » qui suffisent

à exprimer le comportement de chat du H300. Tout en délicatesse et en douceur,

le Hegel révèle la subtilité soyeuse de ce quartet, avant d’accélérer sans crier gare

pour suivre le jeu virevoltant de Katché sur ses toms. Ça fuse dans tous les coins

avec une maîtrise et une facilité qui donnent le sourire !

 


Cette souplesse réactive qui le rend confortable vient aussi du fait que le H300

contrôle le bas du spectre avec une main de fer dans un gant de velours. Sans

tomber dans la démonstration, il sait pourtant se montrer très impressionnant

sur l’album de Ricardo Villalobos et Max Loderbauer RE: ECM en dessinant avec

précision les dernières octaves de cet album particulièrement travaillé. Même

plaisir serein et sensible sur une viole de gambe ou un piano avec lesquels le Hegel

fait preuve de nuances et de fluidité pour rendre le message très émotionnel et très

tactile. À ce sujet, je comprends mieux l’insistance du constructeur norvégien en

ce qui concerne la partie préampli du H300 : ses entrées analogiques, qu’elles

soient asymétriques ou symétriques, font preuve d’une belle transparence qui

laisse profiter sans se poser de question d’une source haut de gamme. On pourra

donc logiquement aller plus loin qu’avec le convertisseur N/A intégré en utilisant

une source sans concession telle que notre enregistreur Nagra VI branché en

symétrique. Très important à mes oreilles : une comparaison de câbles de modulation

sur le H300 a confirmé à plusieurs reprises ce que j’entendais par ailleurs sur

mon système de référence.

 

On profitera également de ses capacités dynamiques sur un film à sensation,

en replaçant avantageusement les canaux gauche et droit d’un amplificateur

audio-vidéo. Exploité avec le dernier James Bond, Skyfall à la sortie du

processeur d’un Pioneer SC-LX86, le H300 fait parler la poudre ! Sa capacité

à tenir le grave et à descendre en fréquence est mise à contribution pour

obtenir un spectacle total vraiment réjouissant. Un peu plus tard, le Hegel

me donne la chair de poule sur la magnifique réédition Blu-ray de The Pianist 

de Polanski… Que demander de plus ? !

 

En conclusion

 

Avec le H300, Hegel propose un intégré majuscule particulièrement

enthousiasmant et musical ! Puissant et polyvalent, grâce à son convertisseur

N/A intégré performant, il a été conçu pour rendre justice à toutes les

musiques avec un égal bonheur. Doux et nuancé, capable d’une scène stéréo

très naturelle, il exprime ses qualités dynamiques dans le respect du message,

sans essayer d’impressionner à tout prix, alors que sa section préamplificatrice

permet de profiter sans limitation d’une source haut de gamme. Avec son

entrée USB asynchrone, il constitue le prolongement parfait d’un ordinateur,

alors que sa puissance abondante permet de se faire plaisir à haut niveau,

même sur des enceintes un peu difficiles. Un ensemble de qualités au caractère

attachant, à la fois transparent et fluide qui mérite toute l’attention des

mélomanes qui cherchent un cœur vaillant pour alimenter leur système, longtemps !

 

En écoute chez BROSSEAU.CA

Pour plus d’info:

Patrick Sareault

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patrick.sareault@brosseau.ca