Sur le terrain : puissance et musicalité à tous les étages… Autant le dire tout de suite : il est difficile de résister à la personnalité particulièrement
attachante de ce bel intégré ! Voilà un appareil qui sait se montrer d’une grande
précision, tout en affichant un équilibre tonal doux et nuancé, presque chaud à
la limite, qui le rend musical en toutes circonstances. Évidemment, comme tout
appareil de ce calibre, il faudra le roder à la sortie du carton avant de découvrir
tout son potentiel, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle ! Une fois bien installé
et alimenté, le H300 n’a peur d’aucune enceinte, grâce à sa puissance généreuse.
Que ce soit sur une paire de ProAc D2, de Linn Akurate 242 ou d’ATC SM40 – avec
lesquelles il s’entend d’ailleurs à merveille, ce qui est loin d’être toujours le cas
avec d’autres amplificateurs – le Hegel se montre équilibré et facile, même lorsqu’on
lui tire allégrement sur les transistors!
Contrairement à certaines électroniques qui présentent la musique devant les enceintes,
le Hegel H300 préfère creuser une profonde scène sonore derrière et autour d’elles.
Aucune projection à constater donc, mais une mis en espace très réussie sur laquelle
je retrouve la sensation de présence à laquelle je suis habitué sur mon système de
référence avec le Live à FIP d’Eric Bibb. Une image réaliste, grandeur nature, qui fait
partie du plaisir de posséder une électronique de haut de gamme, pour peu qu’elle
soit associée à une source de même niveau.
Là où la puissance du H300 se fait sentir, c’est dans sa capacité à jouer fort tout en
restant d’une rare cohérence, même sur des enceintes exigeantes comme les Linn
Akurate 242 ou les ATC SM40 au rendement très moyen de 85 dB/1 W/1 m. Je
découvre ainsi avec un égal bonheur les treize pistes de People, Hell and Angels,
le nouvel album posthume de Jimi Hendrix, que le génial documentaireCrossfire
Hurricane qui retrace les meilleures années des Rolling Stones. Le mélange d’énergie
et de douceur dont fait preuve le H300 convient parfaitement au blues et au rock,
sur lesquels il faut savoir être tout à la fois « roots » et modulé, pour reproduire les
guitares électriques dans toute leur démesure, sans se griller les tympans. En gros,
il faut que ça groove sans arracher ! Dans ces conditions, le H300 est un vrai régal.
On dirait qu’il a été fait pour ça… L’amplification pousse sur une large bande passante
avec conviction sans jamais projeter le message. D’une manière générale, c’est une
des grandes qualités du H300 : qu’on l’attaque en numérique ou en analogique,
il reste toujours élégant, posé, sans être détaché.
Très énergique et légèrement brillant, son convertisseur N/A intégré nous a
agréablement surpris par sa capacité à faire avancer la musique au bon tempo. Il ne
s’agit pas d’un HD20, mais on s’en rapproche sérieusement, et son entrée USB est
l’une des meilleures que l’on puisse trouver sur un amplificateur intégré. Attention
toutefois, car le H300 est assez sensible à la qualité des câbles numériques utilisés.
Il ne faut donc pas hésiter à investir au moins quelques dizaines d’euros dans un
câble USB digne de ce nom, et même un peu plus dans un bon câble coaxial, pour
juger des qualités de cet excellent DAC. À la sortie coaxiale d’un lecteur Blu-ray
Oppo BDP-103EU, je redécouvre ainsi avec plaisir le morceau « Imprint » extrait
du dernier album de Manu Katché, suivi du tout aussi réussi « Loose » qui suffisent
à exprimer le comportement de chat du H300. Tout en délicatesse et en douceur,
le Hegel révèle la subtilité soyeuse de ce quartet, avant d’accélérer sans crier gare
pour suivre le jeu virevoltant de Katché sur ses toms. Ça fuse dans tous les coins
avec une maîtrise et une facilité qui donnent le sourire !
Cette souplesse réactive qui le rend confortable vient aussi du fait que le H300
contrôle le bas du spectre avec une main de fer dans un gant de velours. Sans
tomber dans la démonstration, il sait pourtant se montrer très impressionnant
sur l’album de Ricardo Villalobos et Max Loderbauer RE: ECM en dessinant avec
précision les dernières octaves de cet album particulièrement travaillé. Même
plaisir serein et sensible sur une viole de gambe ou un piano avec lesquels le Hegel
fait preuve de nuances et de fluidité pour rendre le message très émotionnel et très
tactile. À ce sujet, je comprends mieux l’insistance du constructeur norvégien en
ce qui concerne la partie préampli du H300 : ses entrées analogiques, qu’elles
soient asymétriques ou symétriques, font preuve d’une belle transparence qui
laisse profiter sans se poser de question d’une source haut de gamme. On pourra
donc logiquement aller plus loin qu’avec le convertisseur N/A intégré en utilisant
une source sans concession telle que notre enregistreur Nagra VI branché en
symétrique. Très important à mes oreilles : une comparaison de câbles de modulation
sur le H300 a confirmé à plusieurs reprises ce que j’entendais par ailleurs sur
mon système de référence.
On profitera également de ses capacités dynamiques sur un film à sensation,
en replaçant avantageusement les canaux gauche et droit d’un amplificateur
audio-vidéo. Exploité avec le dernier James Bond, Skyfall à la sortie du
processeur d’un Pioneer SC-LX86, le H300 fait parler la poudre ! Sa capacité
à tenir le grave et à descendre en fréquence est mise à contribution pour
obtenir un spectacle total vraiment réjouissant. Un peu plus tard, le Hegel
me donne la chair de poule sur la magnifique réédition Blu-ray de The Pianist
de Polanski… Que demander de plus ? !
En conclusion
Avec le H300, Hegel propose un intégré majuscule particulièrement
enthousiasmant et musical ! Puissant et polyvalent, grâce à son convertisseur
N/A intégré performant, il a été conçu pour rendre justice à toutes les
musiques avec un égal bonheur. Doux et nuancé, capable d’une scène stéréo
très naturelle, il exprime ses qualités dynamiques dans le respect du message,
sans essayer d’impressionner à tout prix, alors que sa section préamplificatrice
permet de profiter sans limitation d’une source haut de gamme. Avec son
entrée USB asynchrone, il constitue le prolongement parfait d’un ordinateur,
alors que sa puissance abondante permet de se faire plaisir à haut niveau,
même sur des enceintes un peu difficiles. Un ensemble de qualités au caractère
attachant, à la fois transparent et fluide qui mérite toute l’attention des
mélomanes qui cherchent un cœur vaillant pour alimenter leur système, longtemps !
En écoute chez BROSSEAU.CA
Pour plus d’info:
Patrick Sareault
450-678-3430
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